La bataille de la crête de Vimy débute le matin de Pâques 1917. Dans le grésil, la boue et sous les tirs d’obus, les soldats du Corps canadien se fraient un chemin jusqu’à la crête pour s’emparer du terrain en hauteur qui surplombe la plaine de Douai.
Cette victoire étonnante fait suite à des années de tentatives infructueuses de reprendre la crête et à des mois de planification et de préparation de l’opération. La crête est tombée aux mains des Allemands dans les premières avancées de 1914. Depuis, près de 150 000 soldats français et britanniques sont tombés en tentant de reprendre cette crête. Les Allemands ont consolidé leurs positions sur la crête au fil des ans en creusant des bunkers profonds, en installant des champs de tir se chevauchant pour les mitrailleuses et plusieurs niveaux de fil barbelé. Quand les Canadiens attaquent en 1917, ils font face à près de 8 000 défenseurs allemands retranchés.
Un bombardement préliminaire est lancé le 20 mars, qui durera treize jours. Dans le même temps, Andrew McNaughton et ses soldats de contrebatterie mettent tous leurs efforts pour trouver les canons allemands et les faire taire. Le Royal Flying Corps assure la reconnaissance aérienne et revient avec des photos des batteries ennemies. Les quatre divisions ont quatre objectifs : les quatre lignes rouge, noir, bleu et brune.
La bataille débute à 5 h 30, le 9 avril, par une première vague d’environ 15 000 hommes qui avancent sous le barrage roulant de près d’un millier de canons lourds. La plupart des objectifs sont atteints selon les plans, et l’après-midi, une grande partie de la crête est aux mains des Canadiens, à l’exception notable du Pimple, point élevé à l’extrémité nord de la crête, où les défenseurs résisteront jusqu’au 12 avril.
Le 12 avril, les Canadiens ont atteint tous leurs objectifs et capturé 4 000 prisonniers. Les Canadiens tiennent la crête de Vimy. Cette victoire a coûté cher, puisque 3 598 Canadiens ont perdu la vie et 7 000 ont été blessés pendant les quatre jours de la bataille. Le 9 avril 1917 demeurera la journée la plus sanglante de l’histoire militaire canadienne.
L’utilisation généralisée de la nouvelle fusée 106 dans les obus est une avancée technologique clé qui a grandement contribué au succès des Canadiens à Vimy. Cette fusée fait exploser les obus lorsqu’ils entrent en contact avec les fils barbelés, ce qui constitue une énorme amélioration par rapport aux obus utilisés pendant la bataille de la Somme qui laissaient souvent les fils barbelés intacts et créaient d’énormes cratères.
Mais l’innovation tactique la plus importante utilisée dans cette bataille fut le barrage roulant. Au début de la guerre, quand les soldats attaquaient une position, l’artillerie bombardait la position, puis interrompait les tirs pour que les soldats puissent courir et s’emparer de la position. Cette technique posait problème, car le délai entre le bombardement et l’arrivée des soldats à la position laissait souvent aux défenseurs le temps de se préparer et d’infliger des pertes dévastatrices aux attaquants. Le barrage roulant permet aux soldats de progresser en même temps que les bombardements. À Vimy, l’artillerie progresse de 90 mètres toutes les trois minutes. Les soldats disposent donc de trois minutes pour rattraper le barrage et faire taire les défenseurs restants.
L’ampleur des préparatifs a également joué un grand rôle dans la victoire. Les troupes se sont entraînées pendant des mois pour cette bataille. Grâce aux fréquents raids nocturnes pour obtenir de l’information sur les troupes allemandes adverses, à l’expérience des combats nocturnes et à des entraînements sur un champ de bataille fictif derrière les lignes, les Canadiens sont fin prêts pour la bataille. Chaque unité connait ses objectifs et ceux des unités qui l’entourent, de manière à pouvoir prendre la relève en cas d’enlisement de ses voisins. Les officiers subalternes et les sous-officiers se sont fait expliquer les plans pour être en mesure de remplacer leurs supérieurs si ceux-ci sont touchés. Quarante-mille (40 000) cartes du champ de bataille ont également été distribuées aux troupes.
Sir Julian Byng, commandant bien-aimé du Corps canadien, fut l’une des personnes clés dans la bataille. Apprécié de ses soldats, qui se faisaient appeler les « Byng boys », l’officier britannique Byng sera promu plus tard au poste de général et acquerra le titre de Lord Byng de Vimy. Le major Alan Brooke, 33 ans, est le cerveau du barrage roulant, et Sir Arthur Currie, qui deviendra bientôt commandant du Corps canadien, dirigea la 1re Division canadienne pendant la bataille.
La bataille a représenté une victoire stratégique, car la crête de Vimy constituait un point d’observation important sur toute la plaine de Douai, région industrielle et ferroviaire clé du nord de la France. La bataille de la crête de Vimy a également été la première fois que les quatre divisions du Corps canadien combattaient ensemble. Cette bataille a symbolisé la force des Canadiens unis. Le fait que le Corps canadien, une petite unité coloniale, ait réussi là où ses anciennes puissances coloniales avaient échoué — reprendre la crête de Vimy — revêtit également une grande importance.